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Publié le : 23/02/2016
© France terre d'asile
En effet, au-delà des frontières purement naturelles : les chaînes de montagnes, les océans, ou bien les fleuves ; les frontières humaines, reposant sur des constructions matérielles et symboliques, se sont imposées au fil de l’histoire. La frontière se construit en effet sur de l’arbitraire ; malléable et motivée, elle se transforme, s’ouvre ou se ferme, se militarise ou se libère, s’étend ou se contracte, selon les situations et les enjeux. Aujourd’hui, à l’heure de la mondialisation libérale, les frontières « économiques » tendraient à disparaitre, la tendance étant à l’ouverture. L’utopie d’un monde sans frontières ne nous a jamais paru si proche, et pourtant, simultanément, ces mêmes frontières se ferment et se renforcent afin de limiter leur franchissement par les hommes. Deux faces d’une même pièce justifiant la nécessité de s’interroger sur la notion de frontière et sur les réalités humaines contemporaines auxquelles cette dernière nous renvoie.
L’actualité migratoire de ces derniers mois nous plonge au cœur même de la problématique des frontières. Les « franchir » devient en effet un acte illicite pour lequel on peut perdre la vie. Il suffit de constater le bilan désastreux des morts en méditerranée, espace de contact et de rupture, pour comprendre l’évidence de ce triste constat. Et dès la première salle, on entre dans le vif du sujet, avec une vidéo, filmée au smartphone, projetée sur ce grand mur noir ; celle de la traversée en direct de la mer méditerranée par des migrants Algériens.
Une partie de l’exposition est ainsi consacrée à la notion de « murs-frontière». Car dans son essence même, la frontière reste cette « barrière » que l’on érige contre l’autre pour se protéger. En effet, lorsque la frontière n’exerce plus assez son rôle de dissuasion symbolique, alors la matérialité prend le pas, et l’on construit, une barrière physique, sensée nous protéger de l’autre, « l’envahisseur » ou le « barbare », revêtant aujourd’hui, sous certains aspects, la figure du migrant.
l’exposition revient sur les événements historiques centraux de l’histoire, à la fois européenne et internationale : guerres mondiales, guerre froide, dictatures et déplacements des populations, révolutions arabes et conflits actuels au Moyen-Orient… Des événements qui ont contribué à redéfinir les politiques frontalières et complexifier leur traversée pour les hommes. On est frappés par les « progrès » technologiques liés à la sécurisation des frontières, et la tendance progressive des pays à se replier sur eux-mêmes. L’homme oublie son histoire, et commet encore et encore les erreurs du passé. En en effet, ces détours historiques nous permettent de mieux saisir dans sa globalité la politisation qui fut et qui est faite de la « frontière ». Le migrant devient progressivement cet illégal, et les évolutions des politiques d’accueil répondent en grande partie à ces conceptions.
Aujourd’hui, plus que jamais, serait-on tenté de dire, les relations entre frontières et migrations se complexifient. Mais c’est l’humain dans sa condition qui est surtout interrogé ici à travers l’exil, la traversée et l’arrivée... ; confrontée aux frontières érigées face à lui, la liberté de circuler de l’homme, loin d’être seulement restreinte, devient un véritable danger, parfois synonyme d’illégalité.
En somme, cette exposition nous permet de prendre du recul et de penser. Loin de l’urgence des médias, ici on prend le temps d’analyser et de comprendre. Tout au long de la visite la phrase des militants Alessandra Moctezuma et Mike Davis me trottait ainsi dans la tête : « chaque frontière est un acte de violence d’État inscrit à même le paysage ». L’exposition « Frontières » donne tout son sens à cette définition.
Manon JOURDAN, le 22.02.2016
L’administration, un coup de tampon et le destin d’un homme dans un nouveau pays est définitivement fixé. L’œuvre ci-contre reflète la confrontation allégorique entre l’homme et l’administration. Le tampon symbolisant cette opposition :
© France terre d'asile
Les ports, zones d’attentes :
© France terre d'asile