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Publié le : 10/07/2013
Promesse tenue. « Ça y est, il nous ont coupé l’eau potable. Il n’y a plus rien, c’est le chaos total ici... » Joint hier par téléphone, Hamidou que nous avions rencontré sur place fin avril témoigne de la situation au sein du camp de Choucha, quelques jours après sa fermeture. Dimanche 30 juin, ce camp de transit ouvert dans le sud tunisien par le Haut commissariat des Nations unies pour les Réfugiés (HCR) en février 2011, a « officiellement » fermé ses portes nous a confirmé Julia Gouyou Beauchamps, chargée des relations extérieures pour le HCR Tunisie. Le lendemain, l’eau potable était définitivement coupée, pour « symboliser »(sic) la fin du camp. « L’ensemble des activités du HCR ont été transférées, explique-t-elle. Les cuisines, les écoles, les services de santé ne sont plus disponibles sur place, les réfugiés peuvent désormais y avoir accès dans les villes alentours ». En l’occurrence Ben Guerdane, Médenine et Zarzis.
En tout, le HCR estime à 400 le nombre actuel de réfugiés ayant obtenu le statut et attendant leur réinstallation dans un pays tiers et à « entre 300 et 400 », le nombre de ceux qui vont rester en Tunisie. « Pour les premiers, explique Julia Gouyou Beauchamp, on plaide pour un départ le plus rapide possible mais ça dépend des pays d’accueil, pas de nous. » Le HCR se dit cependant confiant et espère que tous les départs auront eu lieu dans les semaines à venir, au plus tard dans les deux ou trois mois. Pour les autres, « les options disponibles sont toujours les mêmes : s’installer en ville pour y bénéficier des services de base ; continuer d’être suivi par le HCR ; et suivre des formations professionnelles », pour s’intégrer sur le marché du travail. Et ce malgré le fait que la région sud-est de la Tunisie est l’une des plus touchées par le chômage. « Il y a des secteurs d’activité tels que le bâtiment et la restauration où il y un manque d’ouvriers », balaie la chargée de relations extérieures qui assure que le HCR fait absolument tout ce qu’il peut pour que personne ne se retrouve dans le désert. Selon elle, il restait environ 150 réfugiés dans les limites du camp lundi. « On essaie de les convaincre de s’en aller et de rejoindre les villes où ils auront accès à nos services mais on ne peut pas les forcer... Les gens font leur choix. On reste à leur disposition, de toute façon. Et ce chiffre devrait vite baisser étant donné qu’il n’y a plus d’eau sur place. »
Confirmé par une partie des migrants dont le HCR ne se préoccupe plus : les déboutés du droit d’asile, ceux qui n’ont pas obtenu le statut de réfugiés et dépendent désormais de l’Office international des migrations (OIM). Julia Gouyou Beauchamp estime qu’ils sont environ 260 répartis entre Choucha et les zones urbaines attenantes. Hamidou, de son côté avance toujours le même chiffre qu’il y a deux mois : 222. « Nous n’avons pas de contact avec l’OIM, assure-t-il, et de toute façon les deux options qu’ils nous proposent - rentrer chez nous ou repartir en Lybie - ne sont pas envisageables. Notre seul espoir désormais, c’est d’obtenir un permis de séjour temporaire ici. Mais on ne sait absolument pas si ce sera possible. » Raccroché à ce maigre espoir, les déboutés de Choucha ont définitivement basculé dans la survie : « Il n’y a plus rien du tout, raconte Hamidou. Les tentes sont pourries et on essaie de se faire des baraques avec des bouts de bois récupérés, des plastiques...On va chercher de l’eau à Ben Guerdane ou sinon dans un marigot qui se trouve à trois kilomètres d’ici. On prend un repas par jour quand c’est possible. Il reste le café à l’entrée du camp, un lieu de retrouvailles, mais ils n’ont plus d’électricité, alors on ne peut plus y recharger les portables. » D’après lui, plus aucune structure n’est là pour les épauler. Seuls quelques militants d’Ong passent parfois pour apporter quelques biens et/ou vivres et essayer de faire avancer les choses. « On a quasiment plus rien, c’est le chaos total », répète Hamidou. Qui nous a envoyé ces photos prises au sein du désormais ancien camp de transit.
« (...) le HCR considère la fermeture d’un camp de transit comme une étape positive vers des solutions d’avenir pérennes pour les réfugiés. » écrivait Ursula Schulze Aboubacar, représentante du HCR en Tunisie dans un courrier daté du 16 avril dernier. Etape positive ? Pas pour les plus de deux cents migrants subsahariens arrivés de Lybie il y a deux ans et toujours tankés dans le désert aux confins de la frontière tuniso-lybienne. Une semaine après la fermeture du camp, les déboutés de Choucha continuent leur descente aux enfers.
Regards.fr, le 04/07/2013