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Publié le : 07/11/2013
Agir d’abord, en ayant le courage de proposer un moratoire aux autorités européennes en vue de substituer à la pratique actuelle du visa — illégale du point de vue du droit international et inefficace au vu de ses visées — une procédure nouvelle respectueuse des deux, telle la procédure du visa biométrique de circulation. Elle doit proposer à ses partenaires l’ouverture sans tarder de négociations en l’objet, car elles ne sauraient continuer leur coopération active avec la politique européenne. Déjà inutilement trop répressive, celle-ci est désormais criminogène.
Agir ensuite en invitant le ministère des Affaires étrangères d’apporter les réponses qui s’imposent aux familles tunisiennes éplorées, qu’il le laisse sans la moindre certitude sur le sort de leurs enfants. Son devoir est de mettre fin à ce calvaire ininterrompu avec une enquête exhaustive, sérieuse et définitive mettant fin à un doute mortel. Car les réponses existent et il suffit d’avoir la sincère volonté d’aller les chercher ! Qu’un diplomate soit exclusivement chargé de cette mission, et toute la vérité pourra être faite assez rapidement sur pareille aberration.
Témoigner aussi en contestant la validité des fondements de la politique migratoire européenne. Ceux-ci sont non seulement motivés par des considérations politiciennes purement internes, mais sont également insensés, sans nul sens moral. Or, plus que jamais, l’impératif de solidarité internationale impose de nos jours qu’une telle pratique grosse de drames multiples soit sinon abandonnée du moins reconsidérée sérieusement.
De plus, on sait et on accepte que l’Europe suive de très près la situation politique dans notre pays, y pesant de tout son poids dans un sens plutôt qu’un autre au nom de ses intérêts stratégiques légitimes. Aussi, elle doit pareillement souffrir que la Tunisie fasse de même en retour, en s’immisçant en quelque sorte dans une politique interne à laquelle on donne à tort un aspect international. Et c’est d’autant plus légitime qu’il s’agit en plus d’une question touchant au plus profond son peuple, influant même négativement sur son attitude à l’égard de ce voisin intime avec lequel notre sort est forcément lié. Qu’il le soit donc pour le meilleur et non le pire !
Plus que jamais, en Tunisie où l’on fêtera bientôt le troisième anniversaire de la Révolution, on est appelé à incarner la voix de la raison pour emprunter et montrer la voie juste. Cette révolution a eu le plus important impact sur l’imaginaire populaire; et le Tunisien ne veut plus et n’acceptera plus jamais durablement que sa dignité soit foulée au pied. Dans cet imaginaire, c’est la liberté qui est la première manifestation de cette dignité, celle de circuler étant l’une des premières de ces libertés.
Aussi, la politique en Tunisie ne pourra plus se faire à l’antique, en relevant du non-sens, à l’exception d’une minorité privilégiée. Elle doit coller à l’imaginaire populaire. Et, aujourd’hui, il est trop marqué par les drames récurrents en Méditerranée pour l’ignorer. Or, y mettre fin de la façon la plus adaptée et la seule efficace (moyennant, par exemple, la solution indiquée ci-dessus) permet d’y coller. Cela suppose aussi que notre action pour la liberté de circulation se fasse dans le cadre d’un appel à faire pour un espace de démocratie méditerranéenne à instaurer entre les démocraties avérées et les démocraties en formation.
Que la Tunisie soit donc dans le sens de l’histoire en faisant de cet espace un axe de sa diplomatie ! Qu’elle soit la voix de la raison qu’on attend en un temps où il ne suffit plus de faire le deuil pour se dédouaner du drame frappant cruellement les multitudes. D’autant qu’à ce drame, on ne manque pas de participer en étant les complices objectifs de ce qui n’est, au mieux, qu’une politique de gribouille.
Nawaat, le 05/11/2013