Publié le : 31/05/2013
Près de 800 personnes dont beaucoup de Nigériens mais aussi des Sénégalais, des Gambiens et des Nigérians sont arrivés au Niger par camion ce week-end. La plupart de ces migrants ont été interpellés dans le sud de la Libye. Ils ont passé quelques semaines dans des camps de rétention en Libye avant d'être acheminés au Niger par camion. Des expulsions sur fond de tension entre Niamey et Tripoli.
Les migrants refoulés sont acheminés du Sud libyen jusqu'à Dirkou, au Niger, dans des camions affrétés par les autorités libyennes, avant d'être transportés par convoi militaire nigérien jusqu'à Agadez. Un voyage pénible à travers le désert qui dure une semaine. 769 migrants ont ainsi été refoulés en fin de semaine dernière, des Nigériens pour 500 d'entre eux. Le plus souvent, les migrants sont interpellés dans le sud lde la Libye, région déclarée zone militaire fermée en décembre, puis ils séjournent plusieurs semaines dans des camps de rétention aux conditions de vie déplorables.
La Libye, cet eldorado
La situation est préoccupante, selon la représentante de l'Organisation internationale des migrations (OIM) au Niger : « On ne sait pas dans quelles conditions ils sont au niveau des centres de détention, déplore-t-elle. Mais les témoignages nous disent qu'ils ne sont pas bien traités, qu'ils reçoivent un repas par jour. Quand ils arrivent, on voit vraiment qu'ils ont été dans de mauvaises conditions. » La Libye a toujours été un eldorado pour les travailleurs migrants. Le régime de Mouammar Kadhafi avait déjà recours aux refoulements, mais le volume de refoulés a nettement augmenté avec la révolution libyenne, et notamment ces derniers mois.
Complaisances dans l'administration nigérienne ?
« Depuis 2011, nous avons cette crise libyenne où nous avons eu des flux massifs de personnes qui sont revenues de la Libye, explique la représentante de l'organisation. Ça a continué en 2012, mais depuis janvier 2013, on a des refoulements assez fréquents de la Libye. » Niamey et Tripoli se renvoient la responsabilité de la porosité de leur frontière commune. Selon des diplomates libyens, des membres de l'administration nigérienne tirent profit de la situation, car ils prélèvent selon eux un pourcentage sur les trafics d'essence et d'aliments subventionnés de la Libye vers le Niger.
Echanges peu cordiaux au sommet
Mais l'immigration clandestine n'est pas le seul dossier à alimenter des tensions entre Tripoli et Niamey. Le président nigérien Mahamadou Issoufou a affirmé lundi 27 mai que les auteurs des doubles attentats à Agadez et Arlit venaient du Sud libyen, ce que nie avec la plus grande vigueur Tripoli. Le Premier ministre libyen Ali Zeidan a contre-attaqué et a de nouveau demandé à Niamey d'extrader Saadi Kadhafi, que Tripoli tient pour responsable d'actes terroristes dans la région.
RFI, le 30/05/2013