Publié le : 21/03/2013
Le groupe féministe italien Leventicinqueundici, qui soutient activement la campagne des familles des migrants tunisiens disparus depuis 2011 au large de Lampedusa, organise sit-in de protestation, les 24 et 25 mars, à Tunis.
Le sit-in se tiendra avec la participation des familles des disparus sur l'avenue Habib Bourguiba, face à l'ambassade d'Italie et devant la délégation de l'Union européenne, aux Berges du Lac, au nord de la capitale.
Un ''Appel des mères et des familles des migrants tunisiens disparus'', intitulé ''Nous exigeons vos savoirs'', a été diffusé sur le web, signé par 151 mères et les familles des enfants «disparus», dont nous reproduisons ci-dessous le texte.
Nous exigeons vos savoirs.
Appel des mères et des familles des migrants tunisiens disparus.
Tunisie: septembre 2010, février, mars, avril, mai 2011, septembre, novembre 2012. Tunisie : février 2013.
Les premières dates sont celles des départs de nos enfants; la dernière, février 2013, est la date à laquelle nous écrivons cet appel.
Nous sommes des mères et des familles tunisiennes qui, depuis des années désormais, demandent la vérité. Nous l'avons fait de plusieurs manières : par nos manifestations et sit-in, en nous adressant à nos gouvernements et nos institutions, en nous adressant à l'Italie, en exigeant des autorités des deux pays un échange des empreintes digitales. Mais jusqu'à maintenant, tout ce que nous avons obtenu, ce ne sont que des réponses vagues, des engagements formels et aucune clarté concernant l'échange des empreintes.
Nos enfants sont partis vers l'Italie et l'Europe juste avant et après notre révolution, et ils l'ont fait par le seul moyen qui leur est laissé par les politiques européennes: en traversant la Méditerranée sur de petites embarcations, puisque les politiques européennes ne prévoient pas que de la Tunisie il soit possible de prendre un avion ou un navire de ligne avec la même liberté qui est octroyée aux citoyens européens qui viennent dans notre pays.
De beaucoup d'entre eux nous n'avons plus eu aucune nouvelle; d'autres sont morts pendant un des nombreux naufrages de la Méditerranée.
Ce sont, donc, des enfants «disparus», aussi bien ceux qui sont morts et dont on ne nous a pas restitué les corps, que ceux dont nous n'avons plus de nouvelles, bien que certaines mères et familles reconnaissent leurs images dans des reportages télévisés italiens et français.
Nous sommes mères, pères, sœurs et frères. De la même manière que l'on peut l'être en Europe. Mais alors que des centaines de jeunes ont disparu, six parents seulement parmi nous ont réussi à obtenir un visa pour l'Italie pour essayer d'aller comprendre ce qui s'était passé.
Pour les politiques européennes, donc, notre affection et notre douleur n'ont pas la même valeur que celles qui, dans un cas pareil, seraient reconnues aux parents de jeunes européens.
Nous ne voulons pas qu'il en soit ainsi. C'est pourquoi nous demandons à l'Union européenne de faire une clarté totale sur ce qui est arrivé. Nous non plus, nous ne connaissons pas le nombre exact des «disparus», mais ils ont été nombreux, des centaines pour ce qui ne concerne que la Tunisie, sans compter les disparus et les morts qui, pendant toutes ces années, ont transformé un si petit bras de mer en cimetière marin.
Pour notre douleur, mais surtout pour nos enfants «disparus», nous voulons que soit fait tout ce qui est possible pour répondre à nos questions. Pendant tous ces mois nous avons recueilli des informations et nous savons quand ils sont partis, de quels lieux, vers où, avec quels bateaux, le nombre de passagers de chaque embarcation, les numéros de téléphone desquels ils nous ont appelés pendant leur voyage, l'heure des appels, la compagnie téléphonique de leurs portables, nous avons les vidéos des journaux télévisés italiens et français sur lesquels certaines familles reconnaissent leur enfants, dans un cas l'article d'un journal italien qui informe de l'arrivée d'une des embarcations et nous pouvons indiquer les lieux où certains des naufrages avérés se sont produits.
Voilà ce que nous savons. Mais nous savons aussi que ce bras de mer est continuellement observé par les innombrables moyens technologiques que l'Union européenne avec ses États membres et son agence Frontex déploie entre les deux rives de la Méditerranée pour le contrôle des migrations. Radars, satellites, vedettes, avions, hélicoptères et, après l'arrivée, les empreintes digitales. Nous savons que toutes ces informations sont archivées. Nous savons qu'aux moyens de l'Union Européenne s'ajoutent ceux de l'Otan.
Nous demandons donc à l'Union européenne la création d'une commission pour mettre à notre disposition ces savoirs, avec la participation des gouvernements italien et tunisien en tant qu'États impliqués. Nous demandons qu'à cette commission participe un représentant des familles pour chaque bateau, avec la délivrance d'un visa pour pouvoir participer aux réunions de la commission. De plus, nous demandons la participation des techniciens européens, italiens et tunisiens engagés dans les politiques de contrôle des migrations, de nos avocats tunisiens et italiens et, ponctuellement, concernant des points spécifiques, des techniciens et des experts que nous indiquerons et qui pourront nous aider dans le travail de recherche, et enfin des personnes qui nous ont aidés dans l'établissement de notre dossier.
Nous voulons savoir et demandons:
1) La localisation des embarcations lors des appels reçus pendant le voyage et toutes les informations recueillies par les moyens technologiques de contrôle les jours concernés.
2) Le contrôle nominal par nos techniciens de l'échange des informations dactyloscopiques qui a déjà eu lieu entre les autorités tunisiennes et italiennes et un approfondissement de la recherche sur ce point sur les bases de données européennes.
3) La confrontation technique des vidéos sur lesquelles les parents reconnaissent leur fils avec leur photographie, et la mise à disposition des images d'archive précédant et suivant celles qui sont apparues dans les reportages télévisés.
4) La récupération des corps des personnes mortes pendant les naufrages ainsi que la récupération des épaves.
Nous demandons à toutes les personnes qui nous ont soutenues et à toutes celles qui désirent le faire de s'engager à appuyer notre demande
Les mères et les familles des enfants «disparus»
1) Rawafi Samir ; 2) Werteni Om El-Khir ; 3) Cherni Monjiya ; 4) Boulila Fatma ; 5) Ben Hassine Mustapha ; 6) Ben Hassin Ahmed ; 7) Rhimi Hamed ; 8) Rhimi Mbarka ; 9) Rhimi Mohamed ; 10) Rhimi Abdelkader ; 11) Mhamdi Zohra ; 12) Rahali Moncef ; 13) Boughanmi Khadija ; 14) Ghanmi Malika ; 15) Ghribi Mahbouba ; 16) Ayari Fajra ; 17) Mathlouthi Cherifa ; 18) Bouthouri Rebeh ; 19) Bouthouri Aziza ; 20) Bouthouri Faleh ; 21) Bouthouri Khadija ; 22) Bouthouri Ezzeddine ; 23) Nasri Rachida ; 24) Nefzi Jamila ; 25) Mannai Amna ; 26) Selliti Salha ; 27) Bou Elali Hayet ; 28) Ben Sahra Rayes ; 29) Ben Gharsa Nejia ; 30) Mejri Najwa ; 31) Ksouri Salha ; 32) Kasrawi Fatma ; 33) Ayachi Hajer ; 34) Ouni Nejia ; 35) Ouni Saida ; 36) Dachraoui Fadhila ; 37) Mounira Chakroui ; 38) Mannai Zakia ; 39) Soltani Hajer ; 40) Soltani Imed ; 41) Tayaa Zmorda ; 42) Abassi Hanene ; 43) Jedidi Mokhtar ; 44) Zawi Thouraya ; 45) Rawahi Souad ; 46) Sidani Jamila ; 47) Zayani Mohsen ; 48) Béjaoui Moufida ; 49) Ben Ghars Nejia ; 50) Mathlouthi Cherifa ; 51) Gsouri Salha ; 52) El-Barhi Safia ; 53) Mazhoud Faten ; 54) Limam Zohra ; 55) Jeljeli Radhia ; 56) Jeljeli Fathia ; 57) Karoui Fatma ; 58) Bahri Yamina ; 59) Habboubi Abdelwaheb ; 60) Kamoun Abdelaziz ; 61) Ben Smida Mohamed ; 62) Mounira Ganouni ; 63) Salma Nefzi ; 64) Hanen Kaâbachi ; 65) Ines Bouâzzi 66) ; Dalila Hamdi ; 67) Bader Medfaii ; 68) Abdelkader Bou Tara ; 69) Hanene Kridis ; 70) Rebah Salem ; 71) Anis Hamdi ; 72) Rihab Sahnon, 73) Walid Ben Hamouda ; 74) Anwer Jrir; 75) Tawfik Kilani ; 76) Radhia Ben Mohamed ; 77) Sahra Ben Rays ; 78) Zakiya Manyi ; 79) Kamel Tarchoune ; 80) Basma Trabelsi ; 81) Hamza Mrazguia ; 82) Ahmed Ben Amara ; 83) Monjia Charni ; 84) Faten Charni ; 85) Mokhtar Jedidi ; 86) Fatma Ben Ataya ; 87) Rachida Mansour ; 88) Salha Kasraoui ; 89) Jamila Sidani ; 90) Hayet Bouali ; 91) Sahra Ben Erayes; 92) Rebah Hamraoui ; 93) Samia Nakashi ; 94) Tahar Nakashi ; 95) Maherzia Chargoui El Rouafi ; 96) Ayed Jeljeli ; 97) Fahma Rebhia ; 98) Sonia Janhaoui ; 99) Mahrez Nakkaji ; 100) Taher Raouafi ; 101) Rachida Beji ; 102) Teber Ajmi ; 103) Fatma Bent Ali ; 104) Yasmina Ghribi ; 105) Hamida Ayari ; 106) Mongi Jelassi ; 107) Noureddine Mbarki ; 108) Jamel Eddine El Mil ; 109) Wahida Hachani ; 110) Ali Ben Mabrouk ; 111) Mohamed Ali Briki ; 112) Naima Ben Hadj Salem ; 113) Rafika Sayadi ; 114) Moncef Belhadj Ettaleb ; 115) Riadh Ben Hadj Ahmed ; 116) Saida Ben Sassi ; 117) Mohamed Ben Khadhar ; 118) Younes Ben Ali Khemiri ; 119) Brahim Addali ; 120) Romdhana Balhoudi ; 121) Habib Alaya ; 122) Mohamed Bayadhi ; 123) Ali Ayari ; 124) Fatma Chewaikhi ; 125) Hedi Ben Youssef Amri ; 126) Mahmoud Ben Hadj Taleb ; 127) Fraj Ben Omor Ben Houaydi ; 128) Karima Ben Brahim ; 129) Mohamed Ben Lassoued ; 130) Rebah Ben Mohamed Ben Sabeur ; 131) Taoufik Ben Ali Boughanmi ; 132) Ahmed Ben Abderrahmen Abassi ; 133) Ali Ben Hedi Bouganmi ; 134) Mohamed Ben Mabrouk Brick ; 135) Zahani Ben Salem Derbali ; 136) Nejia Lakdher ; 137) Naceur Soltani ; 138) Fawzi Soltani ; 139) Salah Ben Ousifi ; 140) Souad Ben Ahmed Ben Ammar Ben Sassi ; 141) Ouanissa Omri ; 142) Mohamed Salah Nasri ; 143) Chedli Ben Bouzayene Salhi ; 144) Khalifa Ben Ali Salhi ; 145) Ahmed Tahri ; 146) Issa Ben Abderraouf ; 147) Salah Ouelhazi ; 148) Hasna Ben Salah ; 149) Abderrahmen Amri ; 150) Fatma Amri 151) Zohra Hajri.
Kapitalis, 21/03/2013