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Schengen adapté pour Paris

Publié le : 12/05/2011

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A l'issue d'une réunion des ministres de l'Intérieur de l'UE, jeudi, le sort du traité de Schengen, malmené par la fermeture de la frontière franco-italienne puis par le rétablissement des contrôles douaniers entre l'Allemagne et le Danemark, a été fixé : les principes du texte, dont la libre circulation des personnes en Europe, seront seulement adaptés à la marge.

Schengen a été sauvé. Ainsi pourrait-on résumer la réunion des ministres de l'Intérieur de l'Union européenne de jeudi, à Bruxelles. Ce sommet avait été convoqué à la demande de la France et de l'Italie après la fermeture provisoire de leur frontière commune pour cause d'afflux migratoire exceptionnel. Paris avait lancé mi-avril le débat sur une réforme des accords de Schengen. Après un mois de débats, la commissaire en charge de la Sécurité, Cecilia Malmström, a rendu sa copie dans un contexte tendu. Mercredi soir, le Danemark a en effet rallumé l'incendie en annonçant le rétablissement des contrôles aux frontières avec l'Allemagne pour "se protéger de la criminalité venue d'Europe de l'Est". Mais, quelques heures avant la réunion, Copenhague a assuré qu'il s'agissait de "contrôles douaniers ponctuels".

Les propositions de Cecilia Malmström ont fait l'unanimité auprès des ministres réunis. Claude Guéant, représentant de la France à la réunion, s'est dit satisfait, assurant que certains malentendus ont été dissipés. "La France veut défendre Schengen, c'est un acquis essentiel de l'UE (...) Nous ne voulons pas moins d'Europe mais plus d'Europe", a ajouté le ministre de l'Intérieur, précisant qu'une discussion allait avoir lieu sur les modalités de rétablissement des contrôles aux frontières "dans des cas exceptionnels". Autrement dit, l'essence même de Schengen, la libre-circulation des personnes et des marchandises, ne sera pas remise en cause. Le traité sera simplement adapté à la marge afin de permettre une gestion optimale des crises migratoires aux frontières externes de l'Union.

De longs mois de débats en perspective

Le contrôle aux frontières pouvait déjà être rétabli en cas de menace à l'ordre public. Par exemple, bien avant l'épisode franco-italien du mois d'avril, l'Hexagone avait fermé ses frontières après les attentats de Londres en 2005. Pour éviter de telles extrémités, qui seront définis précisément par Cecilia Malmström dans les prochaines semaines, Claude Guéant a proposé de renforcer les moyens de Frontex, l'agence européenne de surveillance des frontières de l'espace Schengen. Le ministre français veut notamment mettre sur pied un système européen de gardes-frontières – aujourd'hui, chaque pays est responsable de ses frontières externes.

Ce dispositif tout comme la réforme du traité de Schengen devraient être validés et entérinés lors du Conseil européen de fin juin. Mais la mise en application ne sera pas immédiate, car les textes doivent passer devant le Parlement européen. Le sujet étant sensible, de nombreux mois de débats sont à prévoir. Mardi, les eurodéputés ont d'ailleurs refusé à la France et l'Italie le rétablissement du contrôle aux frontières pour faire face à l'afflux de migrants illégaux venant de Tunisie.

Le JDD, le 12/05/2011

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