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Publié le : 01/09/2010
Aujourd'hui, plus qu'hier, l'Europe dans son ensemble et l'Italie en particulier, ont besoin du Guide de la révolution libyenne, le colonel Mouammar Kadhafi, pour freiner l'immigration clandestine. En effet, lorsqu'en 2009, Rome avait demandé au numéro un libyen de mieux contrôler ses côtes pour empêcher les migrants illégaux de débarquer en Italie, ce dernier n'avait rien trouvé à redire.
Un accord fut alors signé et depuis, Kadhafi semble respecter son contrat en freinant l'élan de tous ces clandestins qui aspirent à l'eldorado européen via la Libye. Depuis lors, au pays de Kadhafi, le champion du panafricanisme, les migrants africains clandestins sont traqués. Et, à bien des égards, le colonel ne se plaint pas de ce rôle que l'Europe lui fait jouer. Il l'a si bien joué qu'entre 2009 et 2010, les débarquements de migrants clandestins sur les côtes italiennes ont diminué de 88%. C'est fort de ce résultat pour le moins satisfaisant et convaincu que l'Europe ne peut se passer de lui, que Kadhafi lui réclame 5 milliards d'euros par an en contrepartie de son action. Un chantage on ne peut plus juteux. On peut se demander si l'Europe a d'autre choix que de payer, elle qui a maintenant les doigts entre les dents du Guide libyen.
Mais cette nouvelle condition posée par Kadhafi pour contrer l'immigration clandestine suscite bien des interrogations. Sur quelle base le colonel a-t-il fait ses calculs ? Et puis, à supposer que l'Europe accepte de payer les 5 milliards d'euros par an réclamés, à quoi servira cette manne ? A créer des opportunités d'emplois pour tous ces parias qui tiennent, coûte que coûte, à aller en Europe et qui préfèrent mourir dans l'océan, fatigués de vivoter chez eux en Afrique ? Rien n'est moins sûr. Ou alors, si elle est effectivement versée, cette importante somme profitera-t-elle uniquement à la Libye ? On a des raisons de le croire. En effet, même si Kadhafi ne le dit pas ouvertement, il reste que l'arsenal sécuritaire déployé par son pays pour veiller au grain en vue de contrôler ses côtes par lesquelles transitent la plupart des migrants clandestins, exige des moyens à la fois humains, matériels et financiers colossaux.
A cet égard, 5 milliards d'euros par an constituent une bouffée d'oxygène pour la Libye, une sorte de retour sur investissement. En tout état de cause, entre laisser ses frères africains, accéder clandestinement à l'Europe via son pays et leur barrer la route pour servir les intérêts de l'Europe, le numéro un libyen a visiblement opté pour la dernière solution. Faut-il lui en vouloir ? Peut-être, oui ; mais certainement plus aux dirigeants africains. Car, à dire vrai, rien d'autre n'alimente l'immigration clandestine que la mal gouvernance politique, économique et sociale. Bien des dirigeants ne sont toujours pas en mesure de capitaliser et d'exploiter cette ressource précieuse qu'est le capital humain, et de donner des raisons aux millions de jeunes Africains de rester chez eux.
Par Boulkindi COULDIATI, le 31/08/2010