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Publié le : 07/07/2009
L'arrivée du HCR coïncide avec la promesse faite, le 23 avril, par le ministre de l'immigration, Eric Besson, de "démanteler" et "faire disparaître", d'ici à la fin de l'année, ce vaste campement informel - que les migrants appellent la "jungle" - où s'entassent, à la lisière de la ville, entre six cents et huit cents migrants - originaires d'Afghanistan pour l'essentiel.
D'autres "jungles" de plus petite taille, et parfois des squats, existent autour de Calais comme sur toute la côte française et belge, où l'on rencontre aussi des Erythréens, des Irakiens, des Soudanais et des Iraniens... toutes personnes susceptibles de demander l'asile, mais confrontées "à un manque notoire d'informations sur la procédure en France" : c'est ce que relevait, il y a un an, la Coordination française pour le droit d'asile, dans une étude de référence, La Loi des "jungles".
Ce manque d'informations serait-il en passe d'être comblé ? Après une prise de contacts avec les institutions et les associations calaisiennes, une première équipe mixte, formée d'experts du HCR et de FTDA, a commencé à sillonner le littoral, de Loon-Plage à Grande-Synthe (près de Dunkerque), en passant par la petite "jungle" de Norrent-Fontes (près de Béthune) et celles de Calais. L'idée est d'"informer et de sensibiliser les migrants" sur la question du droit d'asile, explique l'envoyée du HCR, Marie-Noëlle Thérode, qui se félicite du "feu vert" accordé à cette mission d'information.
Pour l'heure, seul le Secours catholique calaisien est habilité à domicilier les migrants - formalité indispensable pour pouvoir déposer une demande d'asile. La sous-préfecture de Calais, où un "guichet-asile" a été installé fin mai, indique que cent quatorze migrants - majoritairement des Africains - ont été reçus en un peu plus d'un mois. Vingt d'entre eux ont obtenu une autorisation provisoire de séjour, parmi lesquels "dix-huit ont été placés en Centre d'accueil des demandeurs d'asile (CADA), hors du département du Pas-de-Calais", précise le sous-préfet de Calais, Gérard Gavory.
Autre moyen utilisé pour réduire le nombre des migrants : l'incitation au "retour volontaire" dans le pays d'origine, par des aides financières à la "réinsertion". Ce dispositif, piloté par l'Organisation internationale pour les migrations (OIM), marche "du feu de Dieu", se réjouit-on à la sous-préfecture : en un mois, vingt-neuf dossiers de "retour volontaire" ont pu être établis - vingt pour l'Irak, six pour l'Afghanistan et trois pour l'Iran.
Des "retours forcés", il y en aura aussi. "Ne serait-ce que pour envoyer un signal fort aux passeurs que la frontière ne peut plus être franchie depuis Calais", justifie-t-on dans l'entourage du ministre Eric Besson. C'est d'ailleurs un des points-clés du renforcement de la coopération franco-britannique décidé au sommet bilatéral d'Evian, lundi 6 juillet. Les deux gouvernements se sont engagés à "augmenter de manière significative le nombre de retours forcés", par le biais de "programmes nationaux" et d'"activités communes" "en fonction des besoins". Cette entente pourrait ainsi déboucher sur l'organisation de "vols groupés" permettant de rapatrier des Afghans sans papiers notamment. Partant de Londres, ces vols feraient escale à Lille avant de gagner Bakou (Azerbaïdjan), puis Kaboul.
Reste à savoir quand se produira l'évacuation en tant que telle de la "jungle". "Nous espérons qu'ils ne vont pas précipiter le mouvement et nous laisser travailler. Car une réponse policière seule serait d'une totale inefficacité", relève Pierre Henri, de FTDA, qui craint comme tout le milieu associatif que l'administration n'organise l'opération au plus creux de l'été, quand tout le monde aura la tête en vacances.
La maire (UMP) de Calais, Natacha Bouchart, sait elle-même qu'il ne suffira pas de "nettoyer la zone et la désinfecter" : il faudra aussi la "sécuriser", c'est-à-dire faire en sorte que les migrants "ne reviennent pas s'y installer".
Catherine Simon et Laetitia Van Eeckhout
Le Monde.
Le 07/07/2009.
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