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Publié le : 08/06/2011
Au lendemain de la mort de Franco, l'Espagne a enterré sa dictature et avec lui ses crimes, pour raison d'amnistie. Pour les dizaines de milliers d'enfants volés par le franquisme, la vérité était condamnée à rester sous le tapis. Un coin sesoulève aujourd’hui.Mais lejuge Garzon reste au placard.
Franco est mort depuis près de 40 ans et plusieurs milliers de femmes républicaines se posent encore la question : l'enfant qu'elles ont mis au monde pendant la dictature est-il vraiment mort-né comme on leur affirma alors, ou leur fut-il volé ? Un doute comme une torture qui concerne au moins 30 000 femmes et presque autant d'enfants en quête d’identité. Pour la seule décennie 1944-1954, ils furent exactement 30 960 à être soustraits à leurs parents républicains. Les rapts ont continué jusqu'aux débuts des années 1980 même si les motivations présidant aux enlèvements avaient depuis longtemps changé de nature. Le franquisme de la première heure avait une vocation : la « rechristianisation » d'enfants dont « l’éducation morale était en danger ». Étaient bien entendus concernés les enfants de « mères rouges ». Ils furent victimes d'une politique d'enlèvements massifs et systématiques. Le modus operandi était simple et les complicités actives au sein de l'église : les sœurs arrachaient leurs enfants aux mères prisonnières ou annonçaient aux parturientes que leur bébé était décédé à la naissance, emmené par une otite, un arrêt cardiaque, une hémorragie cérébrale ou une malformation au poumon.Quand la mère réclamait de voir le cadavre du nouveau-né, on le prétendait enterré. Et c'est ainsi que l'enfant de « la mère rouge » disparaissait, direction l'institution religieuse ou la famille idéologiquement proche du régime. Il pouvait alors recevoir une éducation à même de « régénérer la race ».
Le vol d'enfant pour remise au pas idéologique des années quarante et cinquante s'est transformé au fil desannées en un commerce très lucratif avec, pour principales victimes, des femmes de conditions modestes : elles n’auraient en effet pas pu, en cas de soupçon, s'offrir un recours en justice et mettre ainsi à jour les complicités médicales et administratives présidant au trafic d'êtres humains. Mais une telle situation n’a pu prospérer qu’en glissant sur les rails d'un système bien huilé. Sur les rails d' « un plan systématique » de vol d'enfants, selon les mots du juge Baltasar Garzón qui ouvrit une instruction sur les crimes du franquisme en 2008. Sans en avoir le droit.
Supergarzón, ce héros espagnol de la justice internationale et de la compétence universelle, celui qui fit arrêter le dictateur Pinochet à Londres, est en effet interdit d'enquête sur le passé de son propre pays. Les crimes du franquisme ayant été amnistiés en 1977 pour favoriser la transition démocratique, ils ne peuvent faire l'objet d'aucune instruction. Pas d'enquête donc sur les 150 000 disparus des fosses communes de la guerre civile, ni sur les 30 960 enfants volés. Pas de poursuite contre les responsables franquistes « de crimes contre l'humanité » tels que les qualifie Garzón et pour lesquels il ne saurait y avoir prescription. Pour avoir osé enfreindre un consensus et soulevé le rideau d'amnésie qui couvre le pays, Supergarzóns'est attiré les foudres d'une bonne partie de l'Espagne où les amis du « caudillo » restent actifs et gardent le soutien de l'appareil judiciaire. Et c'est ainsi qu'il fut suspendu de ses fonctions à l'Audience nationale en mai 2010,pour avoir outrepassé ses compétences.
Le parquet général espagnol refusa pour sa part en février 2011 d'ouvrir une enquête au niveau national sur le cas de 261 enfants probablement volés à l'époque du franquisme, au prétexte qu'ils n'entraient pas dans un plan systématique d'enlèvement : aux victimes de s'adresser individuellement aux tribunaux régionaux. L’exposition au grand jour de ces crimes provoquanéanmoins des remous dans l’opinion qui obligèrent leministère de la justice à réagir : il y eut quelques avancéesconcernant la coordination des enquêtes et la gratuité de tests ADN. Certaines victimes gardent toujours, 60 ans après les faits, les mèches de cheveux de leurs mères décédées dans l’espoir d’en finir avec le doute. Elles veulent pouvoir répondre au frère ou à la sœur dont elles soupçonnent l'existence et qui viendrapeut-être les interroger sur sonidentité.
Il semblait bienétrange qu'une Espagneà la pointe du combat sur les bébés volés de la dictature argentine, continue de vouloir ignorer ce qu'il était advenu de ses propres enfants. Mais si les premiers pas du ministère de la justice vont dans le bon sens, la mise à l'écart du juge Baltasar Garzón jette un grand trouble sur la volonté de tourner la page du franquisme. Depuis la mort du Caudillo deux générations d'Espagnols ont éprouvé la démocratie et ses pratiques. N'est-il pas temps que la rupture se fasse et que la vérité soit enfin dite ?
Brigitte Martinez, 2011
"Libération" du 29/04/1974. Le 25 avril 1974 a lieu la « révolution des œillets ». Ce coup d'état militaire rend la liberté aux Portugais sous le joug de la dictature salazariste depuis 1933. Les « capitaines d'avril » voulaient, outre la démocratisation du pays, en finir avec les guerres coloniales alors menées en Angola, au Mozambique, en Guinée Bissau. |
« Libération » du 28/01/1975. L'Europe intellectuelle se précipite au Portugal pour examiner le processus révolutionnaire en marche. Il va durer deux ans, le temps pour six gouvernements provisoires de changer en profondeur les structures politiques, sociales, économiques et culturelles du pays. Le premier gouvernement constitutionnel de 1976 est dirigé par le socialiste Mario Soares, ancien réfugié politique à Paris. |
Libération" du 19/11/1973. La journée du 17 novembre 1973 est l'un des symboles de la lutte contre la dictature grecque. Le « régime des colonels » enverra ses chars écraser la manifestation pour la liberté à laquelle participent depuis 3 jours des étudiants avec le soutien du peuple. La junte militaire, arrivée au pouvoir par un coup d'état en 1967 restera en place jusqu'en 1974. |
"Libération" du 26/11/1973. Un militaire chasse l'autre, mais le nouveau Général devenu président ne rétablit pas la démocratie. Elle reviendra avec l'opposant Constantin Caramanlis alors exilé à Paris : appelé par la junte pour résoudre la crise chypriote en juillet 1974, il devint premier ministre d'un gouvernement d'union national et lance le processus de transition démocratique. |
"Libération" du 01/10/1975 .La condamnation à mort de plusieurs membres actifs de l'ETA et du groupe maoïste FRAP, puis leur exécution par le régime franquiste provoque une vague de protestations dans toute l'Europe. Une occasion supplémentaire de manifester contre la dictature espagnole en place depuis la fin de la guerre civile, en 1939. | "Libération" du 22/10/1975. Après deux semaines d'agonie et près de 40 ans de règne le généralisimo Francisco Franco meurt le 20 novembre 1975. Le « Caudillo » - Guide - d'Espagne responsable devant Dieu et la Nation a concentré tous les pouvoirs avec la bienveillance des nations du « monde libre ». Avec 4 bases américaines implantées sur son sol, l'Espagne est en effet un acteur qui compte stratégiquement à l'ouest |
"Libération" du 07/12/1978. |