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Journée mondiale pour l'élimination des violences faites aux femmes : les femmes migrantes surexposées à la violence

Publié le : 25/11/2022

La condition des femmes migrantes les place à la confluence de deux difficultés majeures, générant une vulnérabilité particulière. En tant que femmes, elles font face à une violence accrue dans les pays d’origine, sur les parcours migratoires et dans les pays d’accueil. En tant que migrantes, elles se trouvent parfois exclues des cercles d’information et de conseils qui pourraient leur permettre de dire leurs souffrances et de faire valoir leurs droits.

Si les motifs de migration étaient autrefois essentiellement d’ordre familial, souvent pour rejoindre un conjoint déjà établi, les femmes migrent aujourd’hui de manière plus indépendante, soit pour assurer elles-mêmes la subsistance de leur famille via un projet universitaire ou professionnel, soit pour fuir des violences subies dans leur pays d’origine.

Dans les pays d’origine, la violence peut évidemment toucher indifféremment les femmes et les hommes, dans le cadre d’un conflit armé ou de la répression d’un mouvement politique. Mais elle peut également être spécifiquement fondée contre le genre ou revêtir un caractère genré. C’est le cas des violences conjugales qui souvent ne sont pas réprimées par les autorités, mais également des mariages forcés, des mutilations sexuelles, des crimes d’honneur, du repassage des seins ou encore du viol utilisé comme arme de guerre.

On estime à 736 millions le nombre de femmes –soit près d’une femme sur trois- qui ont subi, au moins une fois, les violences physiques ou sexuelles d’un partenaire intime, ou des violences sexuelles perpétrées par un tiers. Au moins 200 millions d’entre elles (entre 15 et 49 ans) ont subi des mutilations sexuelles féminines et dans certains groupes sociaux, l’excision demeure un rituel de passage obligatoire. À l’échelle mondiale, en 2020, une femme ou une fille a trouvé la mort dans son propre foyer toutes les 11 minutes.

Le phénomène du viol de guerre est quant à lui d’une telle ampleur qu’il est difficile d’en évaluer le nombre de victimes, tant celles-ci sont laissées à elles-mêmes dans les contextes de conflit.

Les femmes sont par ailleurs davantage exposées aux nombreux périls qui jalonnent les parcours de migration, et doivent de surcroît faire face à la brutalité irréversible des violences spécifiquement exercées à l’encontre de leur genre. Les violences sexuelles exercées par les membres d’un réseau de passeurs, le mariage forcé et précoce perpétré par une famille acculée au rançonnage au cours d’un parcours migratoire ou l’emprise d’un réseau de prostitution forcée sont autant de menaces qui planent sur le chemin censé les conduire vers une vie meilleure.

Enfin l’arrivée tant attendue sur le sol européen n’est souvent pas exempte de violence : l’extrême précarité de la rue ou des campements, l’invisibilité dans les files d’attente interminables où la détresse individuelle se noie dans les tensions collectives et la crainte de ne pas être entendues dans les souffrances qu’elles rapportent constituent leur lot quotidien. Pour certaines, l’extrême insécurité matérielle et psychologique dans laquelle elles évoluent laissera place à l’acte ultime de la violence de la rue, le viol. Ainsi, selon différentes études, le risque de subir des violences sexistes et sexuelles dans le pays de destination est 4 à 10 fois supérieur à celui évalué dans la population générale.

Les législations européennes garantissent le même accès à la justice pour toutes les femmes victimes de violences, indépendamment de leur origine ou de leur statut administratif. Cependant, la méconnaissance des mécanismes d’accompagnement et de protection, la faible maîtrise de la langue ou la crainte des autorités sont autant de freins qui complexifient la situation de femmes déjà fragilisées par l’exil et le manque de repères et réduisent l’effectivité de l’accès aux droits pour les victimes de violences.

Traite des êtres humains aux fins d’exploitation sexuelle : les femmes en première ligne

La traite des êtres humains désigne le recrutement, le transport, l’hébergement ou l’accueil de personnes par la menace ou le recours à la force, dans un but d’exploitation. Après le trafic de drogue et la contrefaçon, la traite constitue la 3ème forme de trafic le plus lucratif au monde, générant un profit de près de 32 milliards de dollars par an. Chaque année, 25 millions de personnes sont victimes de la traite des êtres humains, dont 70% de femmes et jeunes filles.

En effet, les femmes et les jeunes filles en situation de migration constituent les premières victimes de la traite. Particulièrement vulnérables dans leur pays ou sur les routes migratoires, des réseaux de trafiquant tirent en effet profit de leur isolement et de leur détresse économique et sociale afin de les forcer à se prostituer, à se marier, ou en les réduisant en esclavage domestique. En France plus particulièrement, près de 5 000 victimes ont été repérées par des associations en 2021, dont 74% étaient victimes d’exploitation sexuelle, essentiellement des femmes. Les victimes sont majoritairement originaires d’Afrique, où des femmes sont recrutées et transférées en France par de puissants réseaux sous couvert d’espoirs et de promesses d’une vie meilleure. C’est notamment le cas du Nigéria, où l’on estime qu’environ 1 millions de femmes mais également de mineures sont victimes d’exploitation sexuelle chaque année.

Les femmes et les filles représentent aujourd’hui près de la moitié des personnes migrantes et des réfugié·e·s à l’échelle mondiale. Pourtant leurs voix et leurs besoins sont souvent ignorés dans les politiques mises en place pour les protéger et les accompagner. Il est aujourd’hui impératif que les politiques migratoires, françaises et européennes, prennent d’avantage en compte les questions de genre et la lutte contre les violences à l’égard des femmes migrantes.

Sources :
ONU Femmes « Quelques faits et chiffres : la violence à l’égard des femmes et des filles » (Maj. Fév. 2022). 
La revue du praticien « Violences faites aux femmes migrantes : mieux les repérer » 20/06/19