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Publié le : 10/08/2010
Cinq enfants géorgiens et tchétchènes donc les familles sont menacées d'expulsion ont été parrainés hier matin par cinq élus conseillers municipaux de Bordeaux et conseillers régionaux au cours d'une manifestation à l'appel d'un collectif d'associations. Le parcours de ces deux familles de demandeurs d'asile avait défrayé la chronique il y a quelques semaines, lorsqu'elles avaient été découvertes, avec quelques autres par plusieurs associations, dormant dans la rue à Bordeaux. Une situation contraire à la loi sur les demandeurs d'asile qui impose à l'État de prendre en charge toute personne qui entre sur le territoire pour demander protection, le temps que son dossier soit instruit. La préfecture de la Gironde avait été sanctionnée à cette occasion par le tribunal administratif.
Mais la complexité de la loi sur les demandes d'asile risque d'entraver l'issue de la requête des deux familles. En cause, une première demande d'asile effectuée avant d'entrer sur le territoire français, en Pologne, pays par lequel elles sont entrées dans l'Union européenne. Refusé par l'État polonais. Or, la convention dite Dublin 2 datant de 2003 stipule qu'il est impossible d'effectuer deux demandes d'asile sur deux territoires de l'Union différents.
« Cet accord fait de la France un Ponce Pilate qui peut se laver les mains du sort de ces deux familles », tacle Odette Toulet de RESF, tout en rappelant que la préfecture garde la possibilité de porter sur ces deux dossiers « un regard bienveillant ».
Une dérogation justifiée pour les élus et les associations, par la dangerosité d'un retour dans leur pays d'origine. Le chef de famille tchétchène aurait déjà été victime de « torture » et aurait été « traqué par la milice ». Quant aux Géorgiens (dont le pays vient d'entrer sur la liste des pays prioritaires en matière de demande d'asile), leur appartenance à la minorité kurde leur aurait fait subir des « persécutions » ces derniers mois.
« On ne peut plus accepter que le pays des Droits de l'homme chasse des personnes qui devraient bénéficier du droit d'asile », a déclaré la conseillère régionale PS Naïma Charaï, stigmatisant au passage la « politique du chiffre » menée par le gouvernement à l'encontre des sans-papiers, et dénonçant une « chasse à l'homme organisée en France ».
Quant à la conseillère régionale Europe Écologie Marie Bové, elle s'est déclarée « atterrée par cette banalisation des expulsions ». Et d'ajouter : « Les droits de l'homme ne sont pas compatibles avec une politique du chiffre. Expulser, cela peut aussi signifier renvoyer une famille à l'abattoir. »
En fin de matinée, les deux familles ont été reçues par la préfecture et ne se sont finalement pas vues signifier pour l'instant de mesure d'éloignement. Elles devront se représenter dans quelques jours afin de connaître l'issue réservée à leurs dossiers.
Par Yann Saint-Sernin, le 10/08/2010, Sud-Ouest