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Publié le : 06/07/2011
La démonstration n'est plus à faire : le sport possède toutes les vertus, même s'il déchaîne parfois la violence quand le football entre en piste. Il permet les déclarations publiques d'amour, de haine et aussi de guerre, de celles qui ne laissent pas de morts sur le terrain.
Au temps de la guerre froide, s'en prendre à l'ennemi était simple : on refusait de faire compétition commune. Le boycott était un sport à lui tout seul et l'olympisme, des jeux de Moscou à ceux de Los Angeles, prenait une drôle d'allure comme on dirait une drôle de guerre : l'absence des États-Unis ou de l'URSS du « théâtre d'opération olympique » rendait les victoires moins glorieuses. Que valaient en effet des médailles gagnées sans adversaire à sa mesure ? La démonstration de puissance ne résidait plus alors dans la victoire avec sa pluie de « hochets ». Elle était du côté de celui qui disait « non » et s'abstenait par conviction.
Les boycotts d'alors avaient de la gueule, même si l'activisme militant ne pesait pas grand-chose sur les décisions d'états. Pourtant, quand les uns soutenaient le dictateur argentin Videla en participant au mondial de Buenos Aires, d'autres choisissaient de protester contre l'apartheid en Afrique du sud : 28 pays africains s'exclurent ainsi des jeux d'été de Montréal.
Aujourd'hui, nos ennemis déclarés sont rares. Nous connaissons des crises, et les guerres, qui ont du mal à se définir comme telles, relèvent surtout du domaine économique. Alors faire acte de puissance par le moyen du sport relève d'autres stratégies. Exit le boycott, il faut participer, quel qu'en soit le prix. Comme pour un dîner, il est mieux d'en être. Et celui qui parvient à réunir le monde entier à sa table décroche le pompon.
Ainsi fut-il avec la Chine : on lui offrit la lune les yeux fermés sur les droits de l'homme. Il était impensable, ou majoritairement vu comme mal pensé, d'être absent à son banquet d'intronisation au bal des nations bien élevées. Demain, il en sera de même avec la Russie et les JO d’hiver qu’elle organise en 2014 à Sotchi. La Géorgie, qu’un profond différend oppose à Moscou, évoque ainsi du bout des lèvres la possibilité d’un boycott, sans pour autant lancer d’appel : il est de nos jours contre-productif de fâcher les géants. Mieux vaut les flatter, les installer - ou les réinstaller après des années de guerre froide - au centre du monde le temps d’une compétition. Ils méritent à leur tour de capter la lumière, question de diplomatie et d’intérêts géopolitiques.
À l’ère de la multipolarité pour que le dialogue s’impose et que les équilibres s’établissent, il faut savoir choisir ses nouveaux convives et les placer ailleurs que sur un strapontin. Leur offrir par exemple une communication de « première » qui valorise leur présence à la table des « grands ». Ainsi, après le succès d’une « première » coupe du monde de football en Afrique, la Russie aura de quoi « renaître » en 2018 avec sa « première » coupe du monde de l’après guerre froide, et le Qatar « d’apparaître » en 2022 à l’occasion de la « première » coupe du monde organisée dans un pays arabe.
Ces « premières » permettront sans doute au football business d’étendre encore son empire et de conquérir de nouveaux marchés. Mais cela suffira-t-il pour prétendre, en parodiant un slogan ministériel, que « quand le sport avance, la démocratie progresse » ? Rien n’est moins sûr. Car, des boycotts d’antan aux participations sous surveillances hyper médiatisées d’aujourd’hui, les atteintes aux droits de l’homme se dénoncent toujours sous le regard indifférent des nations concernées.
Brigitte MARTINEZ, le 06/2011
« Libération » du 09/05/1984. En 1984 l'URSS boycotte les Jeux olympiques d'été de Los Angeles. C'est une réponse de guerre froide : 4 ans plus tôt, une cinquantaine de nations dont les USA, boycottaient les jeux de Moscou pour condamner l'invasion de l'Afghanistan par les troupes soviétiques.
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« Libération » du 11/07/1984. La RDA, avec une quinzaine d'autres pays du bloc communiste, boycotte aussi les jeux de Los Angeles. Une absence qui dévalorise la compétition : les pays du bloc de l'est avaient en effet remporté près de 60 % des médailles aux jeux de Montréal en 1976.
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« Libération » du 22/06/1998. Le match qui opposa l'Iran aux États-Unis, lors du mondial de football de 1998, facilita le rapprochement, déjà en cours, de deux grands pays ennemis. Le foot comme arme diplomatique, le symbole n'est pas nouveau mais il s'impose toujours avec force. Ce qui n'empêche jamais le vent de tourner après le match
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« Libération » du 06/10/2001. Pour la première fois depuis son indépendance, l'Algérie s'oppose à la France lors d'un match amical de haut niveau. Cette rencontre, souhaitée depuis longtemps, faillit être annulée pour cause de 11 septembre : l’attentat avait eu lieu un mois auparavant. Les retrouvailles furent ternies par un déferlement de supporters de l'Algérie sur la pelouse du Stade de France. Le match fut suspendu avant la fin.
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« Libération » du 25/11/2006. Le match Paris-Saint-Germain-Tel-Aviv, se solde par un mort. Les membres de la tribune Boulogne du PSG sont une nouvelle fois mis en accusation pour violence, racisme et antisémitisme. La situation dure depuis la fin des années 80, mais l'indignation des milieux politiques et sportifs ne suffira pas encore à enrayer le hooliganisme au sein PSG. |
« Libération » du 07/02/2008 : Fallait-il boycotter les jeux olympiques de Pékin ? Le débat eut lieu mais il fut assez vite éteint. Fâcher la Chine fut jugé contreproductif : mieux valait utiliser la manifestation pour faire la lumière sur les manquements chinois aux droits de l'homme. Le boycott restait une arme de guerre froide. |