InstagramPublié le : 15/01/2014
Il y a beaucoup de personnes en détention, presque 700 personnes. Certains sont là depuis quelques mois et certains depuis plus d’un an.
Cela fait cinq mois maintenant. J’ai été arrêté le 26 septembre 2012, puis j’ai été transféré dans un centre de détention. C’est la première fois.
Après mon entretien de demande d’asile avec le "Home Office" le 6 décembre, l’agent de l’immigration m’a dit que j’étais en procédure accélérée. Puis, mon avocat m’a contacté et m’a assuré que je n’y resterai pas. Avant l’entretien, je n’avais aucune idée à ce sujet, c’est seulement après que l’agent de l’immigration m’en ai parlé que j’ai appris ce qu’était la procédure accélérée. C’était très soudain. Dans l’après-midi, ils sont venus et m’ont dit de me préparer parce que mon entretien était à 14h. J’ai été pris au dépourvu. Et depuis le début, rien n’a été clair pour moi.
Je me rappelle, quelques jours plus tôt, quelqu’un dans la chambre voisine s’est senti étourdi et est tombé. Il était couché sur le sol et quand les gardes sont venus, au lieu de l’aider, ils ont commencé à rigoler. Le garde a dit tout naturellement « j’ai vu des personnes faire semblant comme ça ». Et ensuite, heureusement, il a été emmené chez le médecin.
Je ne peux pas dormir. J’ai cette tension constante qui m’enlise.
Je finis par prendre mon dîner seulement parfois. Si j’ai très faim, je vais au magasin situé dans le centre et j’achète des nouilles, je rajoute de l’eau chaude et je mange ça. Dans la soirée, je vais voir le bureau, une nouvelle fois, seulement pour voir si j’ai quelque chose. J’essaie aussi d’appeler l’avocat pour demander à propos de mon dossier.
Je suis un orphelin. Mais j’ai beaucoup d’amis ou, en réalité, j’avais beaucoup d’amis. Mais après avoir été détenu, leur comportement a changé. Quand je les appelle, ils ne décrochent pas et, quand ils le font, ils ont l’air d’être pressés. Ils pensent probablement que je vais leur demander quelques faveurs. Mais je veux juste parler, je n’ai pas vraiment besoin d’aide. Après avoir été ignoré plusieurs fois, j’ai arrêté de les appeler.
Si on me demande quel endroit je considère comme chez moi, je dois dire la Birmanie. Malgré le fait que la Birmanie ne veut pas me revoir, je dirais encore que c’est chez moi. C’est étrange mais je n’ai vraiment nulle part où aller, je n’ai rien au Bangladesh non plus, je n’ai rien en Inde. Je sais que je n’ai pas vraiment quoi que ce soit en Birmanie non plus, mais c’est là que j’ai passé mon enfance. Mais je ne peux pas aller là-bas maintenant. Je n’ai aucun futur en Birmanie.
J’attends depuis tellement longtemps et mes journées dans le centre sont gâchées à ne rien faire de productif. Je voudrais vraiment demander aux autorités de ne pas garder quelqu’un comme cela, pendant aussi longtemps en détention.
2001 - Arrive au Royaume-Uni dans un camion
2001-2012 - Travaille dans un restaurant
Septembre 2011 - Détenu, reçoit des papiers en tant que migrant entré illégallement., demande d’asile, placé en procédure accélérée en détention
Janvier 2013 - Demande d’asile rejetée, appel
Février 2013 - Libéré de détention
13 ans au Royaume-Uni
Toujours sans papiers et non éloignable en raison de son apatridie