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« La peine restera dans mon cœur pour toujours »

Publié le : 13/01/2014

L’histoire de Rehan, afghan de 22 ans vivant en Hongrie

« La peine restera dans mon cœur pour toujours »

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Rehan a fui l’Afghanistan laissant sa femme et ses enfants au pays. Sa première demande d’asile fut rejetée ; il a été enfermé pendant 11 mois. L’ambassade d’Afghanistan acceptant uniquement les retours volontaires, il n’a pas pu être éloigné d’Hongrie.

Aucun endroit qui soit un véritable chez-soi

Mon père était politicien parmi les groupes ethniques d’Afghanistan. Quand j’avais huit ans, lui et mon frère se sont fait tuer par ces gens. Le gouvernement me plaça alors en orphelinat. Maintenant je n’ai plus aucune famille là-bas. Ma femme et mes enfants vivent en Iran mais là bas non plus nous ne sommes pas en sécurité. C’est vraiment compliqué là-bas. En Iran, je vivais comme si j’étais un voleur.

Détention

Le 16 octobre 2011, à 1 heure du matin, je suis arrivé en Hongrie. Il y avait trois taxis. J’en ai pris un. Après ça, ils nous ont arrêté et emmené au centre de rétention de Kiskunhalas où j’ai demandé l’asile. J’ai été là-bas pendant 10 mois, ensuite, ils m’ont transféré au centre de rétention de Nyírbátor.

C’était la prison vous savez. Il faisait sombre dans ma chambre, la plupart du temps ma porte était fermée, et j’étais à l’intérieur, c’est tout. C’était ma vie. Rien. Juste manger et dormir.

Le problème c’est qu’avant, je n’avais jamais vu de menottes. La première fois que je suis arrivé en Hongrie, la police m’a mis les menottes aux mains devant tout le monde, et à ce moment là, je me suis vraiment senti déprimé, mal. Parce que je n’étais pas un tueur, un criminel ou autre chose. C’était vraiment très difficile. Si quelqu’un vous frappe à coup de pieds, vous ressentez la douleur pendant 10 jours avant qu’elle ne commence à disparaitre. Cette peine restera dans mon cœur pour toujours. Parce qu’en face de tout le monde, ils vous traitent comme des chiens. Les gens doivent penser « peut-être que cet homme est un voleur », ils ne savent pas que vous êtes un demandeur d’asile. Ils ne comprennent pas, mais pense savoir en vous regardant.

Je suis vraiment très inquiet à propos de ma famille. J’y pense encore et toujours, mes cheveux en deviennent blancs vous savez. À chaque fois que je pense à eux j’ai mal au cœur et ici (pointant son cœur), je ne ressens que tristesse. Ça fait deux ans que je suis en Hongrie, mais je n’ai toujours aucun avenir devant moi.

Espoir pour l’avenir

Après avoir passé 20 jours à Nyírbátor, ils m’ont transféré ici au camp de Balassagyarmat  (centre d'hébergement ouvert). Quand j’étais en centre de rétention, c’était la prison, je ne pouvais pas sortir. Mais maintenant je suis dans un espace ouvert, même si ça reste une prison - parce que de toute façon je n’ai pas de papiers donc n’importe quel endroit est une prison.

Pourquoi ils disent que je suis ici sans raison ? Si j’avais un vrai statut, je pourrais travailler dans des usines, je pourrais acheter de la nourriture et dépenser pour ma famille, lui faire plaisir. Ce serait mon propre argent et pas celui des autres.

Je ne vais pas souvent dehors, parce que quand je vais dehors, je vois des familles avec leurs enfants qui sont heureux, ils partagent de bon moments ensemble, les regarder me rend malheureux.
Pourquoi moi ? Qu’est que j’ai fait pour mériter ça ? Pour ne pas avoir une belle vie moi aussi. Je veux être avec ma famille, je veux me balader avec ma femme et mes enfants dehors, nous aurions une belle vie tous en ensemble, nous parlerions d’endroit à découvrir, de choses et d’autres.

Octobre 2011 – Atteint la frontière hongroise par la Serbie
2011 – Passe 11 mois en centre de rétention. Première demande d’asile rejetée
2012 – Transféré au centre d’hébergement de Balassagyarmat
2012 – 5 mois et vingt jours en Autriche chez son frère, puis renvoi en Hongrie sur la base du règlement Dublin II
2012 – 2nde Demande d’asile, sans effet suspensif contre une éventuelle mesure d’éloignement
    
2 ans en Hongrie
Toujours sans papier et toujours non éloignable pour raisons administratives

 

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