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Pierre Henry : "En France, l'accueil des migrants est totalement désorganisé"

Publié le : 25/07/2016

grazia

Pierre Henry, directeur général de France terre d'asile, a répondu aux questions de Grazia après l'évacuation de plus de 2000 personnes d'un camp parisien, ce vendredi 22 juillet.

Dès 5 heures du matin ce vendredi 22 juillet, les forces de l'ordre ont évacué plus de 2.000 migrants installés dans un campement de fortune entre les stations Jaurès et Colonnel Fabien, à cheval sur les Xème et XIXème arrondissements de la capitale. Parmi ces personnes, quelques femmes et familles, mais surtout des hommes, venus de Syrie, d'Afghanistan, de Somalie et d'Erythrée entre autres.

Un mouvement de foule a eu lieu à l'arrivée des cars devant les acheminer vers les centres d'hébergements et les gymnases où ils seront relogés en Île-de-France et en province. Réprimée par des tirs de gaz lacrymogène par les forces de l'ordre, cette précipitation montre à quel point ces personnes souhaitent quitter des conditions de vie déplorables. Des conditions dont a parlé à Grazia Pierre Henry, directeur général de l'association France terre d'asile.

 

Quelle était la situation sur ce camp ?

Ces gens vivaient depuis quinze jours dans des conditions indignes. Et le mot est faible. C'était une situation dramatique. Imaginez au moins 1.200 personnes, parquées dans une zone de 100 mètres de long sur 15 de large, sans sanitaires, dormant sur des matelas, à même le sol. C'est indigne de la France. Cela met en évidence un système totalement désorganisé de l'accueil des migrants. Cela crée non seulement beaucoup de souffrance chez ces personnes mais aussi de l'intolérance chez les Français qui voient ces situations se répéter et qui pensent que l'on est submergé.

 

Concrètement est-on submergé ?

Ce matin, nous étions 400 personnes sur place issues des milieux associatifs, religieux, de la préfecture de police, des personnes de la ville de Paris, de la région, etc. C'est la 26ème évacuation en un an à laquelle nous participons. Nous avons tous la même analyse. Ce n'est pas qu'on ne sait pas faire. Le problème vient d'un système de l'absurde qui mène à l'épuisement et il vient du politique qui n'a pas donné l'ordre d'une répartition solidaire des migrants sur l'ensemble du territoire.

 

Que faudrait-il faire, selon vous ?

Aujourd'hui, entre 50 et 100 personnes arrivent à Paris chaque jour. Elles viennent à Paris, ou à Calais, parce que c'est là qu'elles trouvent le plus facilement un hébergement. Mais l'Etat doit mettre en place des structures de transit d'au moins 500 places qui permettent un accueil temporaire sur l'ensemble du territoire. On pourrait aussi mettre en place des zones de transit dans les hôpitaux ou les casernes désaffectés avant une répartition dans les Centres d'accueil de demandeurs d'asile (CADA) notamment, où les personnes sont aidées dans leurs démarches.

Par Lucile Pinero, 22 juillet 2016, Grazia