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Migrants: « changer de méthode » d'accueil pour prévenir les campements ?

Publié le : 10/05/2016

tv5 monde

Faut-il s'habituer à voir resurgir des campements de migrants à Paris? Alors que plusieurs centaines de personnes ont été évacuées cette semaine, avec un hébergement relevant parfois du casse-tête, des voix s'élèvent pour appeler à "changer de méthode" d'accueil.

 

"Il est indigne de laisser dormir à la rue, dans des conditions insalubres et pendant plusieurs semaines, des personnes fragilisées par un parcours migratoire épuisant", a estimé lundi soir la maire de Paris Anne Hidalgo.

"Il est désormais impératif de changer de méthode. L’Etat doit accepter de proposer, au fil de l’eau, des solutions d’hébergement aux réfugiés", a-t-elle ajouté, en appelant l'Etat à la création d'un "véritable accueil de jour spécifiquement dédié aux migrants".

Lundi à l'aube, les pouvoirs publics avaient démantelé pour la troisième fois en deux mois le campement installé sous le métro aérien de la station Stalingrad, avec un bilan record de 1.600 personnes comptabilisées. Mercredi, près de 300 personnes ont été évacuées du lycée Jean-Jaurès.

En un an, on en est à plus de vingt opérations à Paris. Ce qui pose un casse-tête logistique croissant aux autorités parlant de "mises à l'abri", avec la promesse d'un hébergement, et non d'"évacuations".

- "Report" depuis Calais -

Quelque 80 personnes n'ont pu ainsi être prises en charge à Stalingrad, reconnaît-on à la Ville de Paris, où l'on déplore que l'Etat "attende une jauge importante pour agir".

D'autant que la capitale ressent les contrecoups de la politique menée à Calais, avec des "phénomènes de reports immédiats". "Depuis septembre 2015, nous arrivions à résorber les campements en quelques jours. On voit bien avec Stalingrad et Jean-Jaurès qu'il y a une arrivée extrêmement rapide ces derniers jours", souligne-t-on à la Ville.

Le sujet a été évoqué par Anne Hidalgo mardi lors d'une rencontre avec le ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve. "Le ministère a convenu qu'il fallait réfléchir au sujet de la prise en charge des migrants au fur et à mesure", indique-t-on du côté de la Ville, tandis que le ministère assure que "la fluidité du dispositif d'accueil des demandeurs d'asile en Ile-de-France est une préoccupation constante de l'Etat".

"Il faut un peu de temps pour reconstituer des places" d'hébergement, plaide le préfet d'Ile-de-France Jean-François Carenco. "Pour l'instant, je n'ai pas de marges", ajoute-t-il, en estimant qu'il faudrait 6.000 places pérennes dans la région et qu'"on va y arriver".

Ces demandes de changement de braquet rejoignent largement celles des associations.

"Changer de méthode semble nécessaire et inévitable", estime Aurélie El Hassak-Marzorati, directrice générale adjointe d'Emmaüs Solidarité, qui décrit l'accueil de jour: "un endroit avec des douches, des bagageries, et qui permettrait aussi une +pré-évaluation+ des migrants pour les orienter vers différents types d'hébergement".

- "Prétexte" -

Et ce type de structure peut être créé "en moins de deux mois", selon elle.

"L'accueil de jour ne remplace pas la mise à l'abri", estime toutefois Jean-Claude Mas, secrétaire générale de la Cimade, pour qui "c'est toute la chaîne qu'il faut repenser, afin de sortir de cette politique de l'intervention à contre-temps, une fois que la situation est embolisée".

Pierre Henry, directeur général de France Terre d'asile, plaide lui pour des "structures de transit régionales" afin de désengorger Paris où le traitement de la demande d'asile, notamment, est totalement saturé.

"Ce n'est pas très compliqué si on a la volonté politique et si on met les moyens budgétaires", ajoute-t-il. Pour lui, l'argument de l'appel d'air est un "prétexte": "les gens sont là, on n'est pas sur la route migratoire principale".

"L'autre argument, c'est que c'est difficile à porter politiquement dans les régions à un an des présidentielles. Mais en démocratie on est toujours en élection à un moment ou à un autre", ajoute-t-il, en regrettant la paralysie du pouvoir face au Front national: "à un moment, il faut peut-être affronter les vents contraires".

 

Le 04/05/2016 par Claire GALLEN, TV5 Monde