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À Paris, les structures d’accueil de migrants sont débordées

Publié le : 11/08/2016

La Croix nouveau

À Paris, les migrants continuent d’affluer alors que les structures d’accueil sont débordées. Emmanuelle Cosse, ministre du logement, a annoncé un renforcement des structures d’hébergement.

 

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Des migrants dans un camp improvisé sous le métro aérien, à Paris, le 19 juillet 2016. 
MATTHIEU ALEXANDRE / AFP

 

Le macadam du trottoir qui longe les locaux de France terre d’asile, dans le 19e arrondissement de Paris, est encore humide. Plus tôt dans la matinée, les services de la voirie sont venus nettoyer la chaussée. La veille, des matelas, des cartons étaient encore posés à même le sol.

Quelques jours auparavant, ils étaient plusieurs migrants, notamment afghans, soudanais et érythréens, à dormir sur place pour être aux premières heures du jour dans la queue des demandeurs d’asile. « Quand on ouvre le matin, il y a entre 150 et 300 personnes, mais on ne peut en recevoir que 60 par jour. La demande augmente mais notre capacité à les accueillir, elle, n’augmente pas », explique Pierre Claude, directeur de la plate-forme d’accueil des demandeurs d’asile de Paris.

Doublement des capacités des centres de répit

Les centres d’hébergement sont aussi saturés. Face à l’afflux des migrants, Emmanuelle Cosse, ministre du logement et de l’habitat durable, a annoncé mercredi dans le quotidien Le Monde qu’avant la fin septembre, les capacités des centres d’accueil et d’orientation seraient doublées pour passer de 2 000 à 5 000 places. Et que 50 centres nouvelles structures complèteraient le dispositif des 147 existantes.

À Paris, la situation est de plus en plus compliquée pour les migrants qui dorment dans la rue. À quelques mètres des locaux de France terre d’asile, plusieurs, ne sachant pas où aller, attendent le long du canal Saint-Martin. Il est 11 heures lorsque des fourgons de CRS se positionnent. Les forces de l’ordre encerclent le groupe. Ils laissent partir ceux qui disposent des documents faisant foi de leur demande d’asile. Les autres sont embarqués dans un bus.

Éviter les campements non autorisés

Depuis fin juillet, l’opération se répète presque quotidiennement. Les migrants sont emmenés au commissariat pour un contrôle de leur situation administrative. Parfois, des solutions d’hébergement sont proposées. Mais des obligations de quitter le territoire sous trente jours sont aussi formulées. L’objectif : « éviter la reconstitution de campements non autorisés », comme l’avait indiqué début août la préfecture de Paris.

Sous la ligne du métro aérien, près de la station Jaurès, Hugo, 17 ans, observe l’évacuation. Avec d’autres citoyens, le jeune homme passe ses journées à aider les migrants, à les nourrir, à les emmener à l’hôpital. « Ces gens-là, ils n’ont rien demandé, ils fuient leur misère. Ces évacuations compliquent notre travail car ça les éparpille », remarque-t-il.

Des « îlots de misère »

« Le système est volontairement sous-dimensionné. L’administration fait en sorte de créer des îlots de misère, notamment pour décourager les migrants », déplore Cécile, habitante du quartier qui vient servir tous les matins le petit-déjeuner à ceux qui dorment dehors.

Sur le même trottoir, quelques Afghans discutent. « C’est ma chambre, ma maison », indique Shahid, en montrant des cartons éparpillés au sol. Arrivé à Paris en juillet, le jeune homme de 19 ans tient dans sa main une pochette. Il y a glissé le papier qui prouve que sa demande d’asile a été enregistrée. « On a une seule couette pour cinq personnes », ajoute Manamadajan, 18 ans, en montrant le duvet plié dans un sac.

Pour mettre fin à ces campements dans les rues, la maire de Paris, Anne Hidalgo, a annoncé l’ouverture en septembre d’un centre humanitaire pour les réfugiés qui sera aménagé sur deux sites. Pour Pierre Henry, directeur général de France terre d’asile, il faut aller plus loin. « La création du centre à Paris est une bonne initiative, mais si elle est seule, elle est vouée à l’échec. Il faut mettre en place des structures de transit dans toutes les grandes agglomérations. »

Par Alban de Montigny, La Croix, le 10/08/2016